09 mars 2006



Il y a une trace, dans ma chambre.
Sur le sol, une sorte de cercle, assez petit.
Je ne sais pas ce qui a fait cette trace.
Sans doute ne le saurais-je jamais.


J'ai offert un oeuf Kinder fermé, scellé.
Je lui ai dit de ne jamais l'ouvrir.
J'avais mis des choses dedans et il ne sait pas quoi.
Sans doute ne le saura-t-il jamais.

Il y a cette photo de phrase, sur le sol.
Je ne sais pas où elle a été prise.
Je ne sais pas qui a écrit ceci.
Sans doute ne le saurais-je jamais.

Si j'avais vu le jour où un objet a laissé une trace dans ma chambre
Si il un jour il ouvrait cet oeuf et savait ce qu'il y avait dedans
Si j'avais été là quand ce pochoir avait été fait
Où serait la magie? l'inconnu?

Je n'aurais sans doute jamais écrit ceci,
Je ne me serais même pas posé de question.
C'est bien de ne pas savoir, et d'inventer.
On imagine les choses les plus folles pour des traces anodines.

Et si ce cercle avait été fait par un équilibriste qui vivait là avant, et qui s'entrainait à tenir sur un micro tube? si un soir de grand soif, l'ancien locataire avait essayé de clouer une bouteille dans le sol?

Quand on secoue cet oeuf, ça fait un petit cliquetis. Est-ce le bruit de petits osselets? Sont-ce des miettes de pain? des petites billes? Un mélange de tout ça? Le tout ferait-il un petit être extraterrestre? Si on montait toutes ces pièces ensemble, vivrait-il?

Une nuit, un homme, vingt cinq ans, sort de chez lui avec un grand sac. Il est habillé de sombre, marche tranquillement. Il repère un espace, et, soudainement s'active avec des gestes vifs, il sort un carton perforé, une bombe, la secoue, pose le carton au sol, et en une seconde, une trace de plus, un mot de plus, un message parmi d'autres.

Nos espaces d'expression naissent dans nos têtes.
Les miens sont infinis. Chaque jour, des milliards de questions se bousculent dans ma tête. Je ne leur cherche pas un sens. A quoi bon? Si elles sont là, c'est qu'elles sont justifiées.
Notre expression est infinie. Je pourrais parler des heures de rien. Comme maintenant.

Nous gargariser avec du vide, du non sens, du décousu, du rien.

1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Il n'a jamais ouvert l'oeuf Kinder.
Il ne pourra jamais l'ouvrir. Il se connait trop: il sait qu'il est curieux et qu'à la longue, l'envie de savoir ce que contenait l'oeuf aurait fini par l'emporter sur le désir de préserver son mystère.
Alors il est allé déposer l'oeuf dans un tronc creux. Il l'a glissé dans une fente juste assez large pour qu'il puisse y passer. L'oeuf et la libellule ont été avalés par l'obscurité.
C'était le seul moyen de protéger le mystère de ce que contenait l'oeuf, de le rendre à jamais inviolable, indéchiffrable.
A présent, à chaque fois qu'il passe près de tronc creux, il pense à ces mystères gigognes, à l'écorce renfermant l'oeuf renfermant... quoi? Ca il ne le saura jamais.

Il aura tenu sa promesse.

01:32  

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