13 avril 2006

Dans la chambre de mon enfance
qui est aujourd'hui la chambre de mon errance façe à cet écran,
il y a une frise.

Une petite frise colorée, une petite locomotive avec des petits wagons multicolores, qui court sur mes petits murs.
Pendant des années, ils ont été au bout de mes pieds, au début de mes rêves.

Puis, je ne les ai plus vu. Oubliés par habitude. On ne les voit plus, mais si ils n'étaient plus là, je le verrais.
Etrangé phénomène d'une mémoire en veille.

Depuis que je suis revenue à Paris, je revois cette frise, et surtout, elle me rappelle que je prends le train tous les jours. Matin, RER, métro, deuxième métro, et le soir rebelote. Pendant que je suis trainée sur des rails tracés, que je marche au pas des gens pressés, que je deviens une "pressée des transports" , eh bien je divague, je m'enrobe de nuages.

Dans la monotonie de cette heure, j'ai quelques surprises.
J'ai tous les soirs une même pensée. A Voltaire, j'attends mon métro. Rarement longtemps. Puis un serpent aux yeux flamboyants apparait au fond de sa tannière, et avance vers nous, victimes prises au piège dans le boyau de la station. On ne voit que ses yeux, puis son vrombissement grave resonne sur la faïence éclatante de la station. Tout rentre en résonnance, un silence plat m'envahit malgré le fracas arrivant. J'y goute avec délice.

Puis, on s'embarque volontairement dans cette chose mouvante. Là, je me place debout, tout au bout du wagon, contre la porte qui sépare les deux rames. Depuis là, je vois par les petites vitres les autres rames, les autres gens, qui bougent au rythme des tournants et secousses du serpent géant.

Un serpent dans une fourmillière.
Cohabitation urbaine.